Même cette flaque elle est belle...

Publié le par alixnor

Jour VI

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Après une nuit dans le sous sol de notre auberge de jeunesse préférée nous partons vers le « Golden Circle », cercle d’or du tourisme islandais à quelques bornes de la capitale d’accueil.

Nous n’empruntons pas la grosse route (pas fait exprès…) et ça tombe bien…parce que là, attention les mirettes, le bitume fut posé à même les montagnes.

Islande 201Des petites montagnes vertes, blanches, marron… Des petits lacs éparpillés à leur pied reflètent leur image avec une poésie incroyable et… mais non attendez… il ne s’agit pas de petits lacs… à moins que les panneaux d’indication en plein milieu soit vraiment une coutume locale… Non, non, il s’agit de terres inondées et de panneaux de rando !! Ben, ça fait drôlement beau…

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Titine nous conduit sur notre premier lieu de gros touristes de la mort. D’ailleurs, à peine garées, on voit arriver de nombreux minibus touristiques. Minibus qui même à l’arrêt, restent moteur allumé afin que les touristes (des Japonais (NDA (Note D'Alix) : Hé hé ! des mini-touristes, donc...) en l’occurrence) aient bien chaud lorsqu’ils reviennent de leur mini balade.

Islande 202Le lieu donc. Le Þingvellir. Endroit à la limite des plaques tectoniques européenne et américaine avec gouffre séparateur où se déroulaient les assemblées décisives et politiques du parlement islandais, l'Alfling. Lieu historique puisque ces assemblées semblent avoir commencées en ce lieu à partir du Xe siècle. Alors tout ça est bien intéressant mais il pleut à mort… On est pas contentes… mais toujours courageuses on lit les panneaux.

La population venait également à ces rassemblements. Il n’était pas seulement question de lois et d’organisation du pays mais aussi de jugements et attention hein… même si la populace a été christianisée on en reste pas moins un viking de tradition !!! Ainsi, si tu veux tuer la personne ayant mis à mal un des membres de ta famille (petite vendetta donc…) il te faut demander la permission à l’assemblée. Ceci, avant que de compromettre ton couteau ou ton épée dans un endroit du corps ennemi qui pourrait entrainer la mort. On juge ta requête et si celle-ci est valide tu peux exécuter le perturbateur en bonne et due forme. Aaaaah, l’administration…

Islande 203Sur ce haut lieu tellurique et juridique, il y a de surcroit la cascade/rivière où étaient noyées les femmes voleuses (t’as volé une poule, tiens ! cascade…). Il y a encore des glaçons posés sur des cailloux…

Meurtrie par le manque de canards dans ce lieu, je m’empresse de scruter l’horizon pluvieux à la recherche du moindre volatile. J’en trouve un niché dans une petite falaise. Cet oiseau blanc est curieux. Il a des plumes sur les pattes… En fait il s’agit d’un lagopède « alpin » (Lagopus muta), oiseau de l’Arctique. Pas courant chez nous. C’est la grande classe, l’oiseau du froid.

(Pour en savoir plus : http://nature.ca/notebooks/francais/lagopedesrochers.htm)

 

On file vers les geysers. Et là, la grande aventure !!!  Mais on veut passer par un autre chemin que celui des autres touristes (qui eux ont un grand 4X4) de la route rouge.

2638056956_5c91feb6b0-copie-1.jpgOn se pose sur la route pour regarder la carte, genre 5 minutes… « Ouais mais tu vois, si y a de la boue on fait demi-tour », « Carrément, mais faut qu’on tente !!! Ça a l’air trop sensas là-bas », « Ah mais, c’est trop clair, on se le tente »… etc etc… Indécision, concertation… On se met d’accord, on est pas des femmelettes, on veut de l’aventure !!! On y va… Et hop Alix démarre, tourne le véhicule en direction de la route qui se trouve de suite sur notre gauche… Ettttttttttttttttttt… nous découvrons avec stupeur que nous venons de passer 5 minutes à prendre une décision qui était déjà prise sur le panneau indicateur de la dite route... juste à coté de nous… qui dit : « Tu ne passes pas !! C’est impraticable !!!! Grosse barrière !! Même pas les 4X4 ils ont le droit de passer » « No passing on this way !! » !!!!... Rooooooh… La honte !!

 Nous voilà mortes de rire et un peu le rouge aux joues, mais les geysers nous attendent, alors hop, un coup de Titine, par la route rouge… On suit les minibus 4X4 de touristes, ça nous fait bien rire… Nous décidons de faire comme nos nouveaux copains ! On voit qu’ils s’arrêtent, alors on s’arrête !

Bien vu ! Parce qu’il y a là un magnifique volcan plein de rouge, vert, noir, marron avec un lac bleu turquoise gelé au fond ! Wouahou !!

Islande 204Mais avec notre planning de fou et notre overdose de beautés matinales on s’enfuit comme des cabris en rigolant bien fort de notre rythme de folie… et de cette espèce d’apprivoisement du décorum qui nous prend.


Les geysers et autres marmites bouillonnantes naturelles sont là… Fumées fumantes, bulles bouillonnantes, boue rouge mouvante, eau ruisselante, sol de calcaire et de soufre. Tout ceci entre 200 et 100 degrés.

Même pas peur, intrépides nous partons à la conquête du geyser que l’on entend tonner au loin. Le petit Gégé (Gégé le Geyser en toute intimité) « envoie bien » comme on dit !

Islande 205Fichés à 1 mètre de lui, les badauds (dont nous mêmes) attendent le grand spectacle. L’eau se meut dans le trou visible du sol, fait quelques bruits gutturaux, se re-meut, se fait aspirer une première fois (fausse alerte), puis re-mouvance et là… aspiration… une énoooooorrrrmmeeuh bulle bleue turquoise se forme à la surface de l’eau et pshhhhhh ! grosse pression, l’eau monte à environ 10 mètres… On kiffe grave !

Islande 206(NDA : pas d'images du geyser en action, trop compliqué et plutôt envie de profiter du spectacle, mais d'autres l'on fait pour nous, tapez "geysir" dans la recherche d'images google)

Islande 207Islande 208Après avoir fait le tour, une petite rando dans de la boue rouge, lavé nos chaussures dans une rivière à 70 degrés, essayé de casser nos appareils photo dans les vapeurs d’eau, nous partons d’un pas sûr boire un truc chaud dans l’attrape-touriste situé tout pile poil en face du lieu. Ceci nous donne l’occasion d’admirer les bonnets viking en laine, les geysers dans une boule de neige, des macareux en plastique sous toutes les formes, et de la laine.

 

On se décide à partir pour la grande cascade qui fait mal aux yeux tellement c’est grand !! Cascade, oui… ça démonte, oui… mais on commence à être un peu blasées de la beauté et du grandiose, et puis il pleut… Islande 209Islande 210 Du coup, Alix se concentre sur les flaques, qu’elle trouve toujours jolies et s’exclame : « P..... ! Même cette flaque, elle est belle !!! »… C’est vrai, dans ce pays, même les flaques sont belles !Islande 211


Islande 219Sur la route, on croise des chevaux en rang qui suivent un tracteur portant un énorme ballot de paille.

En fait, aujourd’hui c’est la journée de malade... Il est 14 heures et on se prépare à faire 300 kilomètres jusqu’à notre auberge de jeunesse, un peu après Vík.

C’est une journée incroyable !! Le paysage est magnifique. De la montagne et de la mer de part et d’autre de la route. Des maisons et granges traditionnelles, des falaises vertes pleines de mouettes, l’immensité devant, derrière, partout… du silence plein les oreilles. On croise une voiture par heure. On est bien…


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Islande 213La cascade de Seljalandsfoss est plutôt bien réalisée (merci à toi, Dame Nature ! Big up !), puisqu’il est possible de passer derrière !!! On s’est élancées comme des papillons, en riant comme des gamines ! Résultat : on est toutes mouillées ! Mais on s’en fiche parce que c’est un moment de fou, et c’est juste beau. C’est un peu la galère de se rhabiller dans le froid et la brise, mais ça aussi c’est rigolo.

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Islande 220Les environs de Vík, petite ville portuaire... euh… sans port. Exception mondiale, ville au bord de l’eau sans bateaux !!! Bref, les environs de Vík sont réputés pour être des plus pluvieux… et ô chance ! Alors que l’on voit venir le moment fatidique de la région-tempête, le soleil se lève sur Titine qui brille d’un rouge éclatant. On visite les abords, les falaises, plages de sable noir, de cailloux, marches basaltiques…on reste là un bon moment.Islande 221Islande 222Islande 223


Arrêt obligatoire à Vík. Petite marche sur la plage désertée en plein vent (ça ravigote toujours), décor noir et blanc… ah non, il y a là un ballon orange.

Islande 224Au loin, le bateau et les 3 trolls qui l’ont dérobé sont figés, transformés en falaise éternelles.

On fête cette harassante journée par un p'tit soda-café, en observant une tablée de marins pécheurs regardant le journal.

Islande 225L’auberge est à une centaine de kilomètres de là. La route se fera dans la nuit noire, ce qui nous laissera une surprise contemplative pour le retour du lendemain.


En s’arrêtant pour prendre une énième cascade en photo, illuminée par des gros spots (du plus bel effet), toujours au milieu de rien, un fantôme d’aurore boréale apparait pendant quelques secondes… un peu laiteux, fugace. Vu qu’il ne nous restait plus que cette case à cocher dans ce voyage parfait, on biche comme des malades… Le cœur plein de baume, mais la faim au ventre, il nous tarde de voir l’auberge… qui s’avère être effectivement au milieu de rien. L’accueil est sympathique, quoique la dame semble « à l’ouest ».

Dans le gite, il y a déjà un groupe de sympathiques frenchies qui mangent une omelette aux champignons. On ne tarde pas à bicher de notre fol exploit boréal.

Vu qu’on est au milieu de rien, que ces aurores sont sensées se produire surtout en février et mars, on est en droit d’espérer un rappel… Depuis une heure, des nuages fantomatiques un peu bizarres nous interpellent… On se dit que ce n’est pas ça…

Vers minuit, après un thé et un « boaf, on laisse tomber, ce serait trop beau d’en voir une » (elles se produisent entre 00 et 02 heures), un des gars sortant fumer une p'tite clope nous somme de le rejoindre… Un gros « non, mais arrête de te foutre de nous, là » général en guise de réponse ne lui fait pas peur, il insiste… surprise générale… tout au dessus de l’auberge, une ondée vert émeraude danse dans le ciel noir… Tout le monde sort en criant, en tee-shirt, en chaussettes, pieds nus… re-cris, de froid cette fois, on rentre mettre des chaussures et des pelures en scrutant l’horizon (ça ne dure que 10 minutes) de peur qu’elle s’échappe.

Et puis c’est difficile de dire précisément ce qu’on ressent en pareil moment… La nuée émeraude s’échappe et se tord en dragon… nous laisse, dans un silence de joie et de rêve…

(NDA : toujours pas d'images, pour les mêmes raisons que précédemment, les mecs devaient nous en envoyer, mais on en a pas eu plus que d'omelette aux champignons...)

Publié dans La guerre de la morue

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A
<br /> comment on est des malades du commentaire!!! c'est trop bien d'auto lire son blog... J'Aime!! ^_^<br /> <br /> <br />
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A
<br /> excellent!!<br /> je me suis permis une ou deux interventions cette fois...<br /> et puis c'est cool, on s'auto-commente comme des malades!<br /> <br /> <br />
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