Tu m'crois, tu m'crois pas, le silence, c'est en Islande qu'il est fabriqué!

Jour III

Eh non Aliénor, tu n’as pas bien révisé ton programme (sans doute un effet vicieux de la fameuse bière Viking…), aujourd’hui, on part pas vers le Nord, on part pas vers les fjords… Aujourd’hui on visite la péninsule de Reykjanes. Et ouais ! C’est la péninsule au Sud-Ouest de Reykjavík (allez, j’vous mets une p’tite carte pour vous aider).

Comme on est trop des vraies baroudeuses et des vraies guedins, on décide de longer la côte plutôt que de prendre la grosse route.

Petit topo routier : la route n°1, c’est la route qui fait tout le tour de l’île, et quasiment la seule à être praticable toute l’année. Et encore, même elle, c’est pas sûr. Parce que niveau DDE en Islande, autant on peut dire en France c’est des branleurs, autant là-bas je pense que même pas y z’en ont une : y a quelques routes goudronnées (dont la n°1), la majorité est en gravier, et y en a une bonne partie, carrément c’est des pistes, praticables qu’en été et avec un 4x4. Les  autoroutes t’oublies, vitesse : 90 maxi dans tout le pays. Et c’est sans compter, les gués, les inondations, les chevaux sauvages (bon, ça, ça ressemble un peu à une légende, on en a pas vus beaucoup qui étaient pas barbelisés… hé hé ! même que par-dessus tous les barbelés, y a des petites échelles pour passer… pas cons les Islandais ! Sauf que, grâce à l’évolution darwinienne et à l’adaptation environnementale, peut-être que dans 500 000 ans, les chevaux islandais sauront monter aux échelles...)... Bref, du coup, nous, avec notre Titine de chez Ka de chez Ford, on a pas trop le choix. Mais là, coup de bol, la route de bord de mer, elle est goudronnée. Enneigée certes (ah ben oui, faut voir avec ça aussi !), mais goudronnée. Donc, on la suit.

Bon. On se perd. Mais ça c’est tant que y a des habitations. Après c’est pas dur : tant que ça passe, c’est tout droit, sinon tu fais demi-tour. Mais là, coup de bol, ça passe. Donc, on continue à la suivre.

Et là : some kind of désertique. On croise juste quelques petits... villages ?... bourgs ?... hameaux ?... Aidez-moi, comment ça s’appelle quand il y a 2, peut-être 3 maisons ? En tout cas, y en a quelques uns de ces trucs sur les 30 kilomètres qui nous séparent du retour à la route n°1. Ils ont chacun une boîte aux lettres collective. Ouais je sais, on s’en fout, mais moi ça m’amuse.

Par contre, y a des églises partout, et vu la densité de la population, ça doit pas faire beaucoup de monde à l’office (Jésus crise, comme on dit au diocèse de Nancy).

Et pis là, au milieu de rien (enfin... à côté d’une église quand même, parce que y en a partout, comme précisé précédemment), y a un mec qui hisse un drapeau sur un mât. Le chauvinisme est vraiment partout !

Une fois sorties de ce désert de neige et de cailloux, nous cherchons le Musée Viking. Comme y a de nouveau quelques habitations, ben on se re-perd. Mais on trouve quelques indices qui nous guident vers notre destination.

On approche.

On chauffe.

Ah ?... mais qu’est-ce qu’ils ont voulu dire par là ?

Ce musée est surtout intéressant à cause de la reproduction de drakkar qu’il héberge. Tout fait à la main. Et il est allé jusqu’à New York avant d’échouer là. Et alors on a eu le droit de monter dedans, pour le piloter et prendre de nouvelles poses conquérantes. Et pis on a écouté les histoires que le moine en plâtre racontait au Thorfinn en plâtre dans la cabane en bois. Et aussi on a pu manger juste en dessous du drakkar, et face à la mer (avec la chanson de Calogero qui tourne en boucle dans la tête).

Ensuite, terrassées par une subite crise d’agoraphobie face à tout ce monde, nous décidons de quitter l’endroit.

Et le voyage continue. On suit la route le long de la côte, et on continue à croiser des églises, et aussi des phares. Y a de l’eau partout autour, de tous les côtés ! Et pis des canards... Ouh, elle est contente Aliénor ! Et puis les paysages changent tellement vite que ça nous colle le tournis, y en a environ 6 à la ½ heure.

Telles de bonnes ambassadrices européennes, nous immortalisons une virile (bien que mouflue) poignée de mains sur le pont sis pile entre les 2 plaques tectoniques américaines et européennes, tout en se disant que, quand même, ils auraient pu faire des efforts et fabriquer un beau pont en bois, mais que, effectivement, vu qu’ils ont pas d’arbres, peuvent pas faire des ponts en bois. Ça se tient !...

En dessous du pont, c’est tout plein de sable noir et de pierres de lave. Et moi ce que je me demande, c’est si ce pont il va pas finir par se casser la gueule, vu que les 2 plaques se séparent (voir « Tectonique des plaques » dans vos livres de géo).

On croise un groupe de 3 gens, dont une femme qui fume beaucoup trop (considération de néo-non-fumeuse) puisque 10 minutes en dehors de la voiture = 3 clopes. Je sais même pas si ça laisse le temps légal de finir la précédente avant d’allumer la suivante. Mais qui sommes-nous pour juger ? Mmmmh ?...

Arrêt suivant : les mares bouillonnantes. Difficile à décrire : c’est chaud, c’est humide, c’est rouge, c’est vert, c’est bleu, ça fume, ça crépite, ça bout, ça sent l’œuf pourri...

Voyons plutôt cette vidéo (qu’Aliénor a prise au risque de sa vie, parce que c’était quand même bien écrit sur les panneaux : Hætta ! Breytilegir hverir !)

Puis nous nous mettons à la recherche d’une ancienne église. Je marche, je marche, je marche, et ne croise qu’une tombe perdue au milieu de nulle part et sous la neige. En retournant à la voiture, je me rends compte que, tranquillement, j’étais en train de marcher sur l’église en question. Partout, y z’en foutent que j’vous dis. Même sous terre, les vicieux.

Ça fait déjà quelques kilomètres que la route n’est plus goudronnée, mais en plus, y a de plus en plus de neige. Parce qu’il faut pas oublier qu’on roule quand même à 97 m d’altitude. Ça se fête.

Et là, au détour d’un virage : le lac Kleifarvatn : eau gelée et plages de sable noir au milieu d’un champ de lave enneigé.

C’est incroyable ! Muet et tout en noir et blanc. Comme un film des années 20. Sur cette vidéo, vous pouvez mettre le son à fond et, à part le moment où je me prends les pieds dans un tas de neige, y a pas un bruit.

Il parait que c’est un des lacs les plus profonds d’Islande (97 m... ce qui fait que le fond doit être au niveau de la mer...), et qu’il est habité par un monstre de la taille d’une baleine et qui ressemble à un serpent de mer. Pas vu.

Pour finir, nous allons au Blue Lagoon, rendez-vous des touristes du monde entier qui aiment se baigner dans de l’eau naturellement à 40°C, au milieu des (petites) montagnes pleines de neige et des blocs de lave recouverts de mousse. Parce que c’est bon, ça. Encore plus si y a aussi un sauna, un hammam et des cascades d’eau chaude. On se laisse mariner pendant 2 bonnes heures. Et on se recouvre le visage de silice pour avoir la peau dooooooooouuuuuuuuuce. Et on prend une douche pour essayer de se débarrasser de l’odeur de soufre, mais on se lave les cheveux à la crème hydratante parce qu’on a pas compris ce qu’il y a écrit sur le flacon. Euh... Hé hé !... Hum... Maon, les quiches !

On recroise la dame du pont. Elle fume décidément beaucoup trop.

En rentrant à Reykjavík, y a de nouveaux des habitations, alors... on se re-re-perd... Du coup, on arrive en retard pour se faire un bon resto de poissons. Tant pis, on se rabattra sur un McDo. Mais ils ont pas de McDo, les cons-là ! On est dans le seul pays au monde où il y a pas de McDo ! Pas même un petit Quick ! Mais bon, ils ont des hamburgers... Et les meilleurs hot dogs du monde d’après Bill Clinton. Et ils s’y connaissent en hot dogs, les présidents américains...